Début 2015, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve décidait de la mise en œuvre d'une expérimentation de la baisse de la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h. Mais bien qu'il ait promis que cette expérimentation, qui s'est déroulée de juillet 2015 à juin 2017, serait "transparente, honnête et rigoureuse", aucun bilan officiel n'en a été communiqué à ce jour. Face au refus persistant du Gouvernement d'Édouard Philippe de fournir ces données, l'association "40 millions d'automobilistes" a entrepris de réaliser elle-même le recensement des accidents survenus sur les routes de l'expérimentation et publie le premier bilan de l'expérimentation des 80 km/h.
Le projet a nourri les débats pendant des années et le bilan de l'expérimentation de la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h devait permettre de statuer objectivement sur la légitimité et l'efficacité de cette mesure ; les représentants des usagers de la route et les élus parlementaires attendaient donc avec beaucoup d'intérêt la publication des résultats de cette expérimentation. Publication qui aurait dû intervenir à la rentrée 2017...
Pourtant, malgré les demandes multiples formulées à la fois par les associations impliquées dans la sécurité des routes et les élus locaux, le Gouvernement a toujours refusé de communiquer les données d'accidentalité recueillies au cours de l'expérimentation, d'abord en observant un mutisme suspect, puis en prétendant que l'expérimentation était "non-concluante" sans en apporter les preuves chiffrées, et enfin en formulant des promesses à ce jour non-tenues.
L'association "40 millions d'automobilistes" a donc entrepris de recenser tous les accidents survenus sur les 3 portions de routes nationales – d'une longueur totale de 86 km, situées dans la Drôme (26), la Haute-Saône (70), et entre la Nièvre (58) et l'Yonne (89) – concernées par l'expérimentation et de comparer les données disponibles avec celles des années précédentes, pour déterminer l'impact de la mesure sur l'accidentalité et la mortalité de ces tronçons.
L'accidentalité relevée grâce aux fichiers BAAC (Bulletin d'Analyse des Accidents corporels de la circulation) des années 2015 et 2016 révèle que la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h n'a pas permis de réduire le nombre d'accidents – et plus particulièrement le nombre d'accidents mortels – sur les tronçons concernés au cours des 18 premiers mois de l'expérimentation. Sur certaines portions, l'accidentalité est même repartie à la hausse avec la mise en œuvre de l'expérimentation.
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La seule raison pour laquelle le Gouvernement a refusé de fournir le bilan de l'expérimentation, c'est qu'il ne confirmait pas leurs déclarations ; on peut donc affirmer aujourd'hui que celles-ci sont mensongères.