En France, depuis de nombreuses années, la vitesse est considérée comme une cause majeure d’accidents de la circulation ; elle serait responsable chaque année d’environ un tiers des décès survenus sur la route, soit, pour l’année 2016, près de 1000 tués.
En réponse à ce facteur de risque, le Sécurité routière a développé, depuis 2004, un programme sans précédent visant à réduire les vitesses moyennes pratiquées sur les différents réseaux grâce au système de contrôle-sanction automatisé (CSA). Autrement-dit, toute la politique française de réduction des risques routiers liés à "la vitesse" est basée sur la répression des excès de vitesse au moyen de radars.
En 2017, plus de 4600 appareils de toutes sortes sont ainsi en fonctionnement partout sur le territoire français. Mais si le dispositif s’est avéré efficace à ses débuts pour réduire les grands excès de vitesse (plus de 30 kilomètres/heure) et donc améliorer la sécurité des usagers, le système semble aujourd’hui s’essouffler, et l’augmentation croissante du nombre d’équipements ne permet plus d’abaisser la courbe de l’accidentalité.
L’avis de "40 millions d’automobilistes" :
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le fait que l’efficacité des radars décroît depuis maintenant un certain nombre d’années.
Premièrement, le dispositif ne tient pas compte du fait que derrière le mot "vitesse", se cachent en réalité différents types de risques, qui ne peuvent faire l’objet d’un traitement unique. On considère en effet que l’implication de la vitesse dans un accident de la route peut se traduire de deux façons distinctes : la "vitesse" peut être excessive – c’est-à-dire supérieure à la vitesse maximale autorisée relativement au Code de la route – ou bien inadaptée, autrement-dit conforme à la réglementation, mais trop élevée eu égard aux conditions de circulation (configuration de la route, état de la chaussée, visibilité, densité de circulation…).
Les accidents sont dus pour une moitié à la vitesse excessive et pour l’autre à la vitesse inadaptée. Or, le radar ne tient compte que du premier type de vitesse. Considérant qu’un tiers de l’accidentalité routière a pour origine le facteur "vitesse" au sens large, ce ne sont donc plus que 15% des accidents mortels de la route qui sont visés par le CSA.
Deuxièmement, alors que les premiers radars automatiques – peu nombreux et bien visibles des usagers – visaient essentiellement les grands excès de vitesse, le système est vite devenu – plus qu’un outil de sécurité routière – une véritable manne financière pour l’État : en verbalisant systématiquement le moindre petit excès de vitesse (aujourd’hui, 95% des excès de vitesse constatés et sanctionnés en France sont inférieurs à 20 km/h), l’État s’est assuré de confortables revenus, qui ne cessent de croître d’année en année (de 106 millions d’euros en 2004, à 641 millions d’euros en 2006 et jusqu’à 993 millions d’euros prévus pour 2017).
Tant et si bien que ce système, à l’origine plutôt bien perçu par la population, est aujourd’hui largement contesté et même rejeté par les automobilistes, qui ne voient plus dans les radars que des "pièges" qui n’ont d’autre but que de leur soutirer de l’argent pour renflouer les caisses de l’État.
Les solutions préconisées par "40 millions d’automobilistes" :
Pour qu’un système soit efficace, il doit être respecté… et donc respectable ! Or, le trait d’union tracé en France entre les radars et l’argent a rendu le CSA inacceptable pour les automobilistes. Pour restaurer la confiance et l’adhésion des usagers dans la politique de sécurité routière, celle-ci doit se réorienter.
En faisant preuve de plus de souplesse, d’abord, envers les petits excès de vitesse, non-accidentogènes. L’association demande donc à ce que ces petits dépassements de la vitesse maximale autorisée ne fasse plus l’objet d’un retrait de point et qu’une marge de tolérance soit appliquée sur les radars, en plus de la pondération technique, de façon à ce qu’un usager ne puisse plus être verbalisé pour un petit kilomètre/heure de trop.
En renonçant, ensuite, à toute mesure destinée à rentabiliser les équipements par l’argent, ce qui est typiquement le cas de la proposition de privatisation des voitures-radars, considérées aujourd’hui comme sous-utilisées et que le Gouvernement souhaiterait donc à l’avenir confier à des entreprises privées pour multiplier leur temps de circulation et donc les verbalisations.