Un appel d’offres a été passé récemment par le Département du Contrôle automatisé pour mettre au point des radars tronçons déplaçables à volonté, pouvant être installés sur un mât préexistant (comme les radars urbains ou les radars tourelles) et fonctionnant sur batteries. Le but : rendre les radars "vitesse moyenne" moins visibles et plus rentables. L’association "40 millions d’automobilistes" dénonce la cupidité du Gouvernement.
Les routes françaises sont jalonnées de quelque 4300 radars, parmi lesquels une centaine de "radars tronçons". Leur particularité est de ne pas mesurer la vitesse d’un véhicule à un instant T, mais de calculer la vitesse moyenne pratiquée sur un tronçon défini de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres, ce qui leur vaut d’être un peu moins impopulaires que les autres, parce que jugés plus équitables.
Mais pour l'État, il y a un hic : les radars tronçons sont les appareils automatiques les plus chers du marché (165000€ l’unité), sans compter le prix de leur maintenance (19000€ par an). Or, ils font aussi partie de ceux qui flashent le moins, et rapportent donc le moins d’argent : en 2019, ils n’ont relevé "que" 333000 infractions sur les 23,8 millions de PV distribués.
En clair : leur coût très élevé à l’achat et à l’entretien et le peu de contraventions qu’ils génèrent en font des outils peu intéressants pour les caisses de l’État.
Mais on peut toujours compter sur ce dernier pour y remédier ! Un appel d'offres a en effet été lancé à l’attention des concepteurs et fabricants de radars dans le but de rendre les radars tronçons plus redoutables... Et donc plus rentables.
Le meilleur radar, c’est celui qui ne flashe pas. Pourquoi ? Car cela signifie que l’on est parvenu à faire respecter la règle et que l’on n’a pas besoin de sanctionner l’usager. C’est d’autant plus vrai pour un radar tronçon, qui agit sur plusieurs kilomètres. Alors pourquoi vouloir les rendre moins visibles en les déplaçant constamment ? Pour "40 millions d'automobilistes", l'objectif est clair : simplement pour piéger les automobilistes.
La preuve (s'il en fallait une de plus) que l’État ne considère ces outils que comme des tirelires géantes. L'association dénonce la cupidité de l'État et une politique de sécurité routière complètement déconnectée de la réalité, qui ne sert qu’un objectif pécunier au lieu de s’attaquer aux vraies causes de l’accidentalité routière.
La France détient déjà en effet le catalogue mondial de tous les radars existants. Pour autant, elle reste très à la traîne par rapport à ses voisins européens concernant les performances de sa politique de sécurité routière. C’est ce qu’a révélé le rapport d’évaluation de la Cour des Comptes en juin dernier : on installe toujours plus de radars, mais on ne parvient plus à infléchir la courbe de la moralité routière. Obnubilée par la "vitesse" et la répression à outrance des petits dépassements de vitesse, la Sécurité routière en oublie complètement de traiter les autres causes de l’accidentalité, qui pèsent pourtant lourd dans la mortalité routière : l’alcool et les stupéfiants (plus de 30% des tués sur les routes), le téléphone au volant (1 accident sur 10)… Quand le Gouvernement va-t-il enfin prendre conscience des réels enjeux sur les routes ? Il y a urgence !
"40 millions d'automobilistes" appelle à changer d’urgence de logiciel, pour renouer avec une sécurité routière populaire, juste et efficace.