Le radar, pilier d'une politique de sécurité routière obsédée par le facteur vitesse

Alors que de nombreux pays ont fait le choix de réduire leur dispositif de contrôle-sanction de la vitesse (Angleterre), voire même de se passer complètement des radars automatiques (Danemark) et se trouvent parmi les meilleurs pays européens en termes de sécurité routière, la France est devenue le catalogue mondial des radars et axe principalement sa politique sur la répression de la vitesse.

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Une politique stricte de contrôle-sanction automatisé

Pour combattre ce facteur "vitesse", dès 2004, le Gouvernement français a mis en œuvre une politique stricte de contrôle-sanction de la vitesse au moyen de radars automatiques. Comptant au début moins de 300 unités, le système de contrôle-sanction automatisé (CSA) n’a depuis cessé de s’étendre. D'après le Projet de loi de Finances 2023, le nombre de radars automatiques en France devrait atteindre les 4600 unités à la fin de l'année 2023, répartis comme suit sur l’ensemble du territoire :

Type de radar Description de l'équipement Nombre d'unités prévues (2023)

Radars fixes

Il contrôle la vitesse d’un véhicule à un instant T et sanctionne le non-respect de la vitesse maximale autorisée.

600

Radars tourelles

Le dispositif de contrôle est installé dans une tourelle fixe afin de contrôler le franchissement des feux rouges, la vitesse ou le franchissement des passages à niveau, et sera régulièrement déplacé.

1000

Radars discriminants Le dispositif est capable de distinguer les vitesses des véhicules en fonction de leur gabarit. 800
Radars mobiles "embarqués/débarqués" Le radar peut être utilisé véhicule à l’arrêt, à l’intérieur de la voiture de contrôle ("embarqué") ou à l’extérieur, sur un support ("débarqué"). 500
Radars mobiles mobiles (ou "voitures radars")* Il contrôle la vitesse d’un véhicule dans le flux de la circulation, dans le même sens ou en sens inverse. 400
Radars autonomes (ou "radars chantiers")* Il contrôle la vitesse dans des zones de danger temporaire, tels les chantiers et peuvent être déplacés. 600
Radars de vitesse moyenne (ou "radars tronçon") Il calcule la vitesse moyenne d’un véhicule entre un point A et un point B. 50
Radars feux rouges Il sanctionne le non-respect de l’arrêt imposé au feu rouge. 400
Radars passage à niveau Il sanctionne le franchissement illicite d’un passage à niveau. 50
Radars urbains* En agglomération, il sanctionne le franchissement de feux rouges ou la vitesse. 200
TOTAL (hors radars pédagogiques) 4600

 

*Concernant les voitures radars, plus de 50% sont exploitées par des sociétés privées dans 8 régions en 2022 ; il est prévu d’entamer le déploiement des voitures radars privées dans les 4 régions restantes en 2023. Concernant les radars chantier, il faut noter qu'ils peuvent être déplacés sur 600 itinéraires équipés de 1300 emplacements, soient 10000 kms contrôlés au total. Quant aux radars urbains, si on en dénombre 200 unités, ils sont toutefois disséminés dans 700 cabines.

En 2022, les radars automatiques ont été particulièrement lucratifs pour les caisses de l’État : ils ont généré pas moins de 707 millions d’euros, soit une hausse des recettes de 8% par rapport à l'année précédente. Cette somme entre dans le top 3 des meilleurs montants jamais enregistrés en France par le biais des radars automatiques. Cette évolution est due à l’augmentation du parc radars ainsi qu’au déploiement de nouveaux dispositifs de contrôle plus performants.

Pour l’année 2023, le Compte d’Affectation Spéciale (CAS) "Contrôle de la circulation et du stationnement routier" estime à 755 M€ les sommes collectées au titre des amendes forfaitaires radars non majorées. On estime à environ 200 M€ les sommes collectées au titre des amendes radars majorées. Au total, les amendes radars comptent donc pour environ 955 M€ en 2023. 

L'efficacité des radars s'essoufle

Bien que le nombre de radars soit toujours plus important sur les routes françaises et les mesures toujours plus sévères pour réprimer les excès de vitesse, le dispositif semble inefficace pour inverser la courbe de la mortalité routière : tandis que les flashs et l’argent recueilli au titre des amendes routières sont en hausse constante, le nombre de tués sur les routes peine à baisser depuis 2013.

Pour "40 millions d’automobilistes", si les radars ont permis, à leurs débuts, de réduire très nettement les grands excès de vitesse et donc de favoriser la sécurité des automobilistes, le système s’essouffle aujourd’hui et ne remporte plus l’adhésion des usagers de la route, qui ne les considèrent plus que comme un moyen de renflouer les caisses de l’État. Le dispositif a atteint ses limites et il est nécessaire de penser la politique de sécurité routière autrement, en prenant en compte d’autres facteurs majeurs d’accidentalité, comme l’alcool, les stupéfiants ou le téléphone au volant.

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Écrit par 40MA Dernière modification le vendredi 21 juillet 2023