Alors que la Convention citoyenne pour le Climat (CCC) a livré son rapport final présentant les 146 propositions pour accélérer la lutte contre le changement climatique, une nouvelle baisse de la limitation de vitesse revient sur le devant de la scène : les membres de la Convention proposent en effet de réduire la vitesse maximum autorisée à 30 km/h en agglomération. Une mesure en réalité contre-productive, qui interroge l’association « 40 millions d’automobilistes ».
Les 30 km/h, une mesure pénalisante pour les citadins ? Pas seulement !
En effet, le rapport final de la CCC parle d’une transcription juridique du Code de la route. Ainsi, l’article R.413-3 serait modifié de la façon qui suit : "En agglomération, la vitesse des véhicules est limitée à 50 30km/h."
Il s’agira donc d’une généralisation de la réglementation, où les 30 km/h deviendront la norme à la place des 50 km/h, quel que soit le nombre d’habitants de la ville. Or, si la mesure peut a priori se justifier dans les grandes agglomérations régulièrement touchées par les pics de pollution (a priori seulement), on peut s’interroger sur la pertinence d’une telle mesure dans les petites communes.
La CCC indique toutefois que la limitation pourra être relevée à 70 km/h sur dérogation, et surtout sous conditions. Reste à savoir quel maire prendra cette responsabilité, quand on voit déjà la difficulté des Conseils départementaux pour revenir aux 90 km/h sur le réseau secondaire…
Mais puisque la baisse des vitesses maximale autorisées a été proposée dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, qu’en est-il réellement de sa potentielle efficacité sur la qualité de l’air ?
Selon l’ADEME (Agence de la transition écologique), rouler à 30 km/h en ville au lieu de 50 ne serait pas vraiment bénéfique en matière de pollution.
Extrait du Rapport d’étude : Impacts des limitations de vitesse sur la qualité de l’air, le climat, l’énergie et le bruit. ADEME, février 2014.
L’argument écologique a du plomb dans l’aile…
Mais comment la CCC a-t-elle pu proposer une mesure finalement contre-productive pour la qualité de l’air ? Ses membres ont bénéficié de ressources pour leurs travaux ; parmi elles, les propositions clairement énoncées d’associations environnementales (Fondation pour la Nature et l’Homme et Réseau Action Climat). Sans surprise, on retrouve dans ces documents la consigne de baisser les limitations de vitesses. Une documentation partisane qui ne présente en outre aucune source scientifique pour étayer la mesure.
Face aux contre-vérités mises à mal par les études scientifiques, certains arguent maintenant que le 30 km/h en ville est avant tout une mesure en faveur de la sécurité des usagers.
Mais quid de la pertinence d’une mesure de sécurité émanant d’une Convention citoyenne pour le Climat qui n’a donc, de fait, pas d’expertise sur les questions de sécurité routière ?
De surcroit, s’il est évident que les « zones 30 » sont adaptées dans certaines zones (aux abords des écoles ou à proximité des zones piétonnes, par exemple), les généraliser en ville est une erreur.
Cette limitation n’est adaptée que sur des zones courtes, là où les automobilistes doivent être d’autant plus vigilants. Étendre les « zones 30 » sur de longues distances aurait pour effet de banaliser la réduction de la vitesse.