Trois ans après le passage à 30 km/h mis en place par son prédécesseur dans sa commune, le maire de Triel-sur-Seine a décidé de revenir à une vitesse maximale autorisée de 50 km/h. La raison ? Les 30 km/h, une mesure relevant "plus de la démagogie que de la sécurité".
Cédric Aoun, maire sans étiquette de Triel-sur-Seine dans les Yvelines, a pris une décision bien à contre-courant de ses homologues, puisqu’il a abandonné les 30 km/h dans sa commune pour revenir à l’ancienne réglementation sur une majeure partie des axes de celle-ci.
Interrogé par Le Parisien, l’élu ne fait pas dans la langue de bois : il dénonce le passage à 30 km/h à Triel-sur-Seine, décidé par son prédécesseur en 2019, pointant du doigt une mesure relevant "plus de la démagogie que de la sécurité", "un effet de mode" qui ne se justifie pas compte tenu de l'urbanisme de certaines communes, et "un échec" en matière de sécurité.
L’élu dénonce notamment l’incompatibilité de la configuration des axes de sa commune avec la généralisation des 30 km/h : "En 2019, ils ont oublié qu’il y a beaucoup de départementales, notamment sur Triel, des axes sur lesquels on peut facilement rouler à 70 km/h".
Seules quelques portions définies comme "à risque" par un bureau d’étude mandaté par la municipalité resteront à 30 km/h, notamment proche des écoles, de la gare et l’hypercentre.
Un effet de mode, c’est le moins que l’on puisse dire concernant la généralisation des 30 km/h dans les villes.
Autrefois motivé par l’écologie - un prétexte largement détricoté par "40 millions d’automobilistes" - c’est maintenant la sécurité qui semble motiver les communes généralisant les 30 km/h sur leurs axes. Sauf que, comme le souligne Cédric Aoun, l’urbanisme de bon nombre de communes et l’évaluation de leurs risques ne justifient pas l’abaissement généralisé des 30 km/h.
C’est notamment le cas de ces communes rurales, souvent traversées par des routes départementales, où les 30 km/h deviennent rapidement intenables.
Dans l’actualité, un cas similaire fait parler de lui : la ville d’Épinal, qui, 5 mois à peine après avoir généralisé les 30 km/h dans la ville, a déjà choisi de repasser cinq grands axes à 50 km/h, après "analyse des flux de circulation".
Les 30 km/h, c’est oui : aux abords des écoles, à proximité des zones piétonnes, ou sur des tronçons avec risques avérés. Mais leur généralisation est contre-productive : déjà si la configuration des lieux et ses risques ne le justifient pas (pour être respectée, une règle doit être respectable !), et parce qu’étendre la limitation à 30 km/h sur de longues distances a pour effet de banaliser la réduction de la vitesse, qui n’est alors plus associée à la présence d’un danger particulier.
Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que 72% des Français s'opposent à la baisse de la limitation de vitesse à 30 km/h en ville (sondage CSA pour CNEWS, juillet 2021) ; alors que les 30 km/h en agglomération se répandent comme une traînée de poudre, on notera, encore une fois, le décalage entre les attentes des Français en matière de mobilité et les décisions prises par les élus à l’encontre de la majorité de leurs administrés.