Le Danemark teste l'augmentation de la limitation de vitesse de 80 à 90km/h : la mortalité routière baisse de 13%

Le 11 décembre 2017, alors que le Premier ministre Édouard Philippe déclarait son assentiment envers la mesure d’abaissement de la limitation de vitesse de 90 à 80km/h sur les routes à double-sens sans séparateur central du réseau secondaire , l’association "40 millions d’automobilistes" se rendait à une réunion de travail sur la sécurité routière organisée par la Préfecture de la Haute-Saône, l’un des 4 départements ayant mis en œuvre une expérimentation des 80km/h.

Une expérimentation décevante des 80km/h en Haute-Vienne

À l’occasion de ce déplacement à Vesoul, une équipe de l’association s’est rendue sur le tronçon de la RN 57 où la vitesse maximale autorisée a été abaissée à titre expérimental. Elle a pu constater que, loin de mener une étude basée sur des paramètres impartiaux et objectifs, la Sécurité routière avait au contraire tout mis en œuvre pour s’assurer que l’expérimentation porterait ses fruits. C’est ainsi que cette portion de route nationale longue de 14 km située entre Vesoul et Rioz a subi d’importants travaux d’aménagement (ce sont environ 16 millions d’euros qui auraient été investis à cette fin) : élargissement de la chaussée, enrobé et marquages au sol refaits à neuf, installation de bornes rétroréfléchissantes… Si bien que toute comparaison d’une situation avant / après l’entrée en vigueur de l’abaissement de la limitation de vitesse n’a plus aucun sens.

Pourtant, le constat réalisé par les riverains de cet axe routier est loin d’être reluisant : les changements de vitesses maximales autorisées sur le tronçon sont excessivement nombreux et amènent à un non-respect global de la signalisation routière. Le nombre de dépassements dangereux semble être en hausse, tandis que celui des accidents de la route n’a pas fléchi.

L’exemple du Danemark : de 80 à 90km/h, une baisse de la mortalité de 13%

La Sécurité routière française n’a pas son pareil pour dénicher à l’international toutes les mauvaises idées qu’elle pourrait mettre en œuvre. C’est ainsi qu’elle est allée chercher en Suède l’obscur "théorème de Nielsson" pour l’appliquer à la réglementation sur les limitations de vitesse, comme s’il s’agissait d’une vérité universelle.

Or, de nombreux contre-exemples font mentir cette allégation qui voudrait qu’une réduction de la vitesse maximale autorisée fasse immédiatement et automatiquement baisser l’accidentalité et la mortalité routières. L’un d’eux se trouve non loin de chez nous, au Danemark, où s’est rendue une équipe de l’association "40 millions d’automobilistes" en juillet 2016.

Grâce à une série d’entretiens avec la Direction danoise des routes (Vejdirektoratet) et la Police de la route danoise, et un état des lieux réalisé sur le terrain, l’association "40 millions d’automobilistes" a découvert que le Royaume du Danemark expérimentait une hausse de la limitation de vitesse de 80 à 90 km/h sur une sélection de routes rurales (l’équivalent de nos routes secondaires) après avoir fait de même – avec succès – sur ses autoroutes (de 110 à 130 km/h).

La Direction danoise des routes avait en effet constaté que de nombreux accidents mortels sur le réseau secondaire étaient dus à des chocs frontaux survenus à la suite de dépassements dangereux, parce qu’il existait de forts écarts de vitesse entre les usagers qui respectaient les 80 km/h et ceux qui jugeaient cette limitation inadaptée (la majorité des automobilistes) et roulaient donc légèrement au-dessus. L’expérimentation a permis de mettre en évidence qu’une hausse de la limitation de vitesse n’allait pas forcément de pair avec une hausse des vitesses pratiquées : après 3 ans de test, la Direction danoise des routes a constaté que les vitesses moyennes étaient restées les mêmes (89 km/h alors que la vitesse était limitée à 80 km/h, 89,1 km/h lorsqu’elle a été portée à 90 km/h) et que l’accidentalité et la mortalité routière avaient chuté respectivement de 11% et 13% par rapport à la période précédant l’expérimentation.

Évidemment, il serait abusif de prétendre que la baisse de l’accidentalité est la conséquence de l’augmentation de la limitation de vitesse. Mais ces bons résultats sont la preuve qu’une limitation de vitesse plus élevée n’engendre pas nécessairement plus d’accidents et qu’a contrario, une baisse de la limitation de vitesse n’entraînerait pas systématiquement une diminution de la mortalité sur les routes.

"40 millions d’automobilistes" mobilise les élus parlementaires et les maires de France pour défendre les usagers de la route

Le film de l’enquête Le Danemark, en route vers le bon sens et le reportage Expérimentation à 80 km/h : "40 millions d’automobilistes" s’est rendu sur place réalisés par l’association "40 millions d’automobilistes" ont été diffusés le 19 décembre 2017 au Sénat, en présence de la presse.

Le jour-même, un courrier a été adressé à tous les élus parlementaires pour leur demander de s’associer à la demande de nécessaire débat au Parlement avant qu’une quelconque mesure de ce type ne soit entérinée. L’association "40 millions d’automobilistes" a également sollicité, dans un courrier, l’association des Maires de France et son président François Baroin, dans le but d’obtenir le soutien des élus locaux, oubliés dans les débats de façade organisés par la Sécurité routière et l’État.

Une question écrite sur la politique de sécurité routière a été posée par le Sénateur Fouché à l’attention du ministre de l’Intérieur.