En décembre 2017, alors que le Premier ministre Édouard PHILIPPE se disait « favorable » à un abaissement de la limitation de vitesse sur les routes secondaires, l’association « 40 millions d’automobilistes » tenait une conférence de presse au Sénat, à l’occasion de laquelle elle présentait son enquête menée au Danemark, rapportant les résultats de l’expérimentation de la hausse de la vitesse maximale autorisée qui y était menée sur les routes rurales, prouvant ainsi qu’un abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/h en France ne permettrait pas d’améliorer significativement la sécurité routière.
C’est à ce titre que le Président de l’association, Daniel QUÉRO, a été convié le 04 janvier 2018 à l’Hôtel de Matignon, dans le cadre d’un entretien de préparation à la réunion du Conseil interministériel de Sécurité routière devant se dérouler le 09 janvier 2018.
Lors de ce rendez-vous, l’association a rappelé qu’aucune étude n’avait pour l’heure prouvé l’efficacité de la mesure pour lutter contre la mortalité routière et que de nombreux autres facteurs étaient à prendre en compte pour réduire l’accidentalité des usagers de la route.
Le principal argument avancé par la Sécurité routière et le Gouvernement pour soutenir la mise en œuvre d’une baisse généralisée de la limitation de vitesse sur le réseau secondaire est une formule mathématique héritée de la Suède des années 1970, qui prétend qu’une baisse d’1% de la vitesse moyenne permettrait une réduction de 4% de la mortalité routière.
Mais pour « 40 millions d’automobilistes », cette formule est totalement dépassée ! Elle est basée sur des réalités routières d’il y a près de 50 ans, sans commune mesure avec ce que l’on voit aujourd’hui : les infrastructures routières, de même que les performances des véhicules en termes de sécurité active et passive ont infiniment progressé, et cela n’a pas été pris en compte. Il est impossible donc, dans ces circonstances, d’évaluer le réel impact d’une telle mesure sur la sécurité routière aujourd’hui.
D’autre part, alors qu’une expérimentation de la baisse de la vitesse à 80 km/h a été menée sur 3 portions de routes françaises entre juillet 2015 et juillet 2017, aucun résultat n’a été communiqué, ce qui laisse supposer que le test n’a pas été concluant.
Au cours de l’entretien, l’association a demandé à pouvoir consulter les conclusions de cette expérimentation, ce qui a été refusé. On nous a seulement répondu qu’on serait peut-être « surpris »… Pourtant, du propre aveu d’Édouard Philippe dans une lettre adressée au Sénat, cette l’expérimentation menée depuis 2 ans sur 3 portions de routes nationales n’aurait pas permis de démontrer l’efficacité d’un abaissement généralisé de la vitesse sur l’accidentalité routière : il reconnaît que la longueur totale des routes concernées et la durée de cette expérimentation n’étaient pas suffisantes pour en tirer des conclusions probantes.
Malgré l’intervention de l’association auprès du Premier ministre et la mobilisation massive qu’elle a initiée parmi les élus parlementaires, les maires de France et les usagers de la route, une expérimentation nationale de la mesure d’abaissement de la vitesse maximale autorisée de 90 à 80 km/h sur les routes secondaires bidirectionnelles dépourvues de séparateur central a été actée par le CISR le 09 janvier 2018. Celle-ci doit débuter dès juillet 2018 et durer 2 ans.
« 40 millions d’automobilistes » dénonce une mesure absurde, rejetée par une grande majorité des Français et dont on ne peut espérer aucune amélioration en termes de sécurité routière. L’association poursuit son combat pour faire reculer le Gouvernement et empêcher la mise en œuvre des 80 km/h.