La marge de tolérance sur les radars n’existe pas : incroyable, mais vrai. Mais alors, à quoi correspond cette marge de 5 km/h souvent évoquée à tort comme une marge de tolérance ? L’association "40 millions d’automobilistes" démonte le mythe autour de cette supposée tolérance des radars.
N’avez-vous, vous-même, jamais parlé de cette fameuse "marge de tolérance" sur les radars ?
De 5 km/h lorsque la vitesse maximale autorisée est inférieure à 100 km/h, et de 5% au-delà, pour les radars fixes, puis de respectivement 10 km/h et 10% pour les radars en mouvement, cette marge est en réalité une marge d’erreur du matériel. Et cette nuance de vocabulaire change absolument tout dans les faits !
La supposée existence d’une marge de tolérance sous-entendrait que l’on laisse aux automobilistes une marge leur permettant de dépasser la limitation de quelques kilomètres/heure sans être verbalisé. Or, ce n’est pas le cas.
Ce qui est en réalité une marge d’erreur technique signifie que le radar, lui, peut se tromper de quelques km/h dans ses mesures, c’est-à-dire lorsqu’il contrôle votre vitesse de circulation. Cette marge est définie par le fabricant en fonction du type de matériel et de la limitation de vitesse en vigueur.
Par exemple : vous roulez à 83 km/h sur une route limitée à 80 km/h. Si un radar fixe surestime votre vitesse de 3 km/h, la vitesse mesurée sera de 86 km/h. En déduisant la marge d’erreur (ici, 5 km/h), la vitesse retenue sera donc de 81 km/h. Vous êtes verbalisable.
En clair, la marge appliquée sur les radars ne signifie pas que vous avez le droit à l’erreur, mais que le radar a le droit à l’erreur.
Si le matériel de contrôle-sanction automatisé est, le plus souvent, régulièrement contrôlé et les mesures correctes, cela n’empêche pas quelques couacs.
Mais surtout, faire croire à une marge de tolérance sur les radars a laissé de nombreux automobilistes (peut-être la majorité d’entre vous !) penser qu’ils pouvaient régler leur régulateur de vitesse jusqu’à 5 km/h au-dessus la limitation de vitesse sans être verbalisé. Une erreur, comme expliqué dans l’exemple ci-dessus.
Un mythe entretenu par la Sécurité routière, qui, sur son site Internet, n’hésite pas à parler d’intox, pour répondre à l’affirmation "Je peux être flashé pour un excès de vitesse de 1 ou 2 km/h"… Tout en confirmant dans son explication qu’il s’agit bien d’une marge d’erreur du radar, mais allant "à l’avantage du conducteur" (?), et omettant de préciser que cette marge d’erreur a précisément pour but… De pallier une erreur de mesure du radar qui se ferait au détriment de l’usager.
L’association "40 millions d’automobilistes" s’emploie à détricoter et à expliquer l’idée reçue autour de la marge de tolérance des radars depuis des années, à la fois pour que les automobilistes cessent leur tentation de régler leur régulateur de vitesse légèrement au-dessus, prenant le risque d’être verbalisé, mais aussi pour dénoncer cet abus de langage trompeur qui permet aux instances de sécurité routière de légitimer l’arsenal de contrôle-sanction automatisé.
Merci @LegiPermis de parler de marge d'erreur plutôt que de marge de tolérance ! 👍
— 40 millions d'automobilistes (@40MA) November 23, 2021
Des années que nous dénonçons cet abus de langage qui laisse croire qu'il existe une tolérance pour les automobilistes, alors que techniquement, c'est le radar qui a le droit à l'erreur. https://t.co/Xj8ICKf5M0
Lorsque "40 millions d’automobilistes" explique que la marge de tolérance sur les radars est un mythe, c’est le "contre-argument" auquel l’association doit le plus souvent se heurter de la part des plus sceptiques : selon eux, cela ne serait pas si grave que la marge de tolérance sur les radars n’existe pas vraiment, puisque les compteurs kilométriques à bord des véhicules présenteraient eux-mêmes une marge surestimant la vitesse réelle du véhicule.
Sauf que cet argument de la marge sur le compteur de vitesse ne tient pas la route. D’une part, il est utile de rappeler qu’il ne s’agit pas d’une vérité universelle et que cela dépend pour beaucoup du véhicule, mais encore que cette marge du compteur peut varier selon divers paramètres.
D’autre part, avec le développement des nouvelles technologies, de plus en plus de conducteurs s’équipent d’outils d’aide à la conduite, qui affichent également la vitesse de circulation des véhicules. Nombreux sont ceux qui se fient à cet affichage plutôt qu’à celui du compteur de leur voiture, car les estimations GPS sont réputées pour être plus proches de la vitesse réelle du véhicule.
Mais surtout, le fait que le tachymètre de votre voiture dépasse légèrement la vitesse maximale autorisée ne signifie pas que vous êtes en excès de vitesse : ce qui compte lors d’un contrôle de radar est bien la vitesse réelle du véhicule. Vous n’apprécierez sans doute pas qu’on vous reproche d’être en retard à un rendez-vous auquel vous êtes à l’heure, tout ça parce que votre propre montre avance de quelques minutes ? Ici, c’est la même chose.
Et maintenant que nous savons que 6 PV sur 10 pour excès de vitesse concernent en réalité des petits dépassements de moins de 5 km/h, la question de l’instauration d’une réelle marge de tolérance sur les radars serait d’autant plus justifiée.