De plus en plus de municipalités font le choix de réduire la limitation de vitesse à 30 km/h sur la globalité de leur réseau routier. Mais contrairement aux objectifs exprimés, la mesure affiche des résultats plutôt mitigés en termes de sécurité routière.
L'article R110-2 du code de la route désigne le terme "zone 30" comme "une section ou un ensemble de sections de route constituant dans une commune une zone de circulation homogène, où la vitesse est limitée à 30km/h et dont les entrées et sorties sont annoncées par une signalisation et font l’objet d’aménagement spécifiques" : panneaux d’entrée de zone 30 et marquages au sol, aménagements spécifiques (petits ronds-points, stationnement, rétrécissement de chaussée), etc.
Cette notion a été introduite dans le code de la route par le décret du 29 novembre 1990. Le concept a évolué depuis le décret n°2008-754 du 30 juillet 2008 introduisant notamment les zones de rencontre, et modifiant le statut des aires piétonnes.
Le périmètre des zones 30 est délimité par le maire, après consultation du président du conseil général pour les routes départementales. Sur les routes à grande circulation, le périmètre de ces zones est délimité par le préfet après consultation du maire et du président du conseil général s'il s'agit d'une route départementale ou président du conseil exécutif de Corse, s'il s'agit d'une route prévue à l'article L. 4424-30 du code général des collectivités territoriales (Article R411-4 du code de la route).
Le décret du 30 juillet 2008 stipule également qu'en zone 30 toutes les chaussées sont à double sens pour les cyclistes.
En 2021, près de 600 usagers ont été tués sur une route située en agglomération. La majorité est constituée par des usagers dits "vulnérables" : piétons, motocyclistes, cyclomotoristes et cyclistes. Pour lutter contre ce fléau, de nombreuses villes ont adopté ces dernières années la limitation de vitesse abaissée à 30 km/h.
L’idée est venue de Graz, en Autriche, première commune européenne à avoir limité toutes les rues de son territoire à 30 km/h, dès 1992. En France, quelques communes de région parisienne font figure de pionnières, à partir de 2005 : Fontenay-aux-Roses, Nogent-sur-Marne, Sceaux. Du côté des grandes agglomérations, Grenoble est la première à franchir le pas en 2016. La mesure se propage ensuite à partir de 2019 : Besançon, Nancy, Lille, Strasbourg, Bordeaux, Metz, Nantes, Paris, Clermont-Ferrand, Montpellier, Tours, Lyon, Toulouse, Limoges et désormais Rennes mettent en oeuvre les 30 km/h de façon généralisée.
Concernant les 30 km/h, il est nécessaire de rappeler qu’il s’agit à l’origine d’une vitesse abaissée à titre exceptionnel, parce que la situation demande une vigilance accrue de la part de l’usager au regard d’une situation particulière : les abords d’une école, d’un hôpital, la présence de piétons en grand nombre, des intersections où la visibilité est diminuée… C’est ainsi que la limitation de vitesse à 30 km/h fonctionne le mieux, parce que son caractère exceptionnel attire l’attention et amène son adhésion et son respect.
S'il est évident que les zones 30 sont adaptées dans certaines zones (aux abords des écoles ou à proximité des zones piétonnes, par exemple), les généraliser en ville est une erreur. En effet, cette limitation n'est adaptée que sur des zones courtes, là où les automobilistes doivent être vigilants. Étendre les zones 30 sur de longues distances aurait pour effet de banaliser la réduction de la vitesse, qui ne serait alors plus associée pour l'automobiliste à la présence potentielle d'un danger. De plus, en ralentissant le flux de circulation, davantage de bouchons se créent. Or, les bouchons constituent la situation la plus pénalisante en termes d'émissions carbone.
Lorsque les 30 km/h étaient cantonnés à des zones peu étendues et clairement identifiées, cela faisait sens dans la tête de l’usager : 30 km/h = danger. Il adaptait alors son comportement et se montrait particulièrement vigilant, parce qu’il percevait immédiatement que c’était nécessaire pour la sécurité de tous. Mais en imposant une limitation de vitesse abaissée sur l’ensemble des voies, indifféremment des situations de conduite, on la banalise aussi. Et on fait disparaître de l’esprit de l’automobiliste l’idée que certaines configurations peuvent comporter plus de risques que d’autres, ce qui est totalement contre-productif.
Plutôt qu’une limitation de vitesse abaissée sur toutes les routes, l’association "40 millions d’automobilistes" milite pour une adaptation des infrastructures et des aménagements routiers : des pistes cyclables sécurisées et entretenues, une meilleure visibilité des passages piétons, une synchronisation des feux tricolores qui favorise une conduite souple et régulière (plutôt que des chicanes et dos d’âne qui obligent à freiner avant et encouragent à réaccélérer après)… Ce sont des mesures qui ont fait leurs preuves, et qui permettraient une véritable baisse de l’accidentalité routière en ville.
L’association "40 millions d'automobilistes" souligne enfin le fait que la mesure d’abaissement généralisé de la vitesse à 30 km/h dans les villes n’a aucun impact significatif sur les émissions polluantes des véhicules motorisés, alors que l’argument écologique est largement défendu par les "Villes 30".