La Cour des comptes a publié son évaluation de la politique publique de sécurité routière dans laquelle elle suggère de changer de méthode, notamment en décrochant du tout-radar. Des conclusions qui vont dans le sens de ce que martèle l’association "40 millions d’automobilistes" depuis plusieurs années : un rapport encourageant qui, on l’espère, résonnera auprès des instances en charge de la Sécurité routière.
2019 : la Sécurité routière clame une baisse "historique" du nombre de personnes tuées sur les routes pour l’année 2018. Comment ne pas y voir un rapport avec la mesure très controversée de baisse de la limitation de vitesse à 80km/h sur le réseau secondaire ? C’est en tout cas le lien que feront un grand nombre d’acteurs dans le domaine, relayés en masse dans les media.
Des chiffres tout de suite corrigés par l’association "40 millions d’automobilistes", qui pointe la communication mensongère de l’organisme gouvernemental, qui a "omis" d’inclure les DOM-TOM dans son bilan. En réalité, le nombre de décès sur les routes françaises ne baisse plus depuis 2013.
Selon Emmanuel Barbe, les #80kmh ont "épargné 334 vies" en 18 mois. Vraiment ?🤔#SécuritéRoutière pic.twitter.com/tXP2DOhcYn
— 40 Millions d'Auto.. (@40MA) February 11, 2020
Voilà une communication officielle démentie aujourd’hui par la Cour des Comptes. Vous connaissez l’adage : quand le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier ! 2 ans après, le rapport de la Cour sur la politique de sécurité routière menée en France met en évidence le fait que le nombre de personnes qui perdent la vie chaque année sur les routes françaises ne baisse effectivement plus depuis 2013.
Pourtant, entre 2006 et 2019, pas moins de 304 mesures de sécurité routière on été mises en place. A l’instar des 80km/h, on retiendra surtout les mesures polémiques telles que la multiplication des radars en tous genres, ou encore la privatisation des voitures-radars.
Mais rien n’y fait. Les chiffres stagnent depuis 2013, année fatidique. "40 millions d’automobilistes" ne cesse de le marteler : il devient primordial de changer de logiciel.
L’association publie un Livre Blanc détaillant de nombreuses mesures de sécurité routière. Arrêtons l’obsession sur la répression du facteur "vitesse" et soyons plus efficaces sur les causes de mortalité routière laissées pour compte depuis des années : la conduite sous empire alcoolique, sous l’emprise de stupéfiants, ou encore l’état des infrastructures.
Un discours auquel semble aujourd’hui se joindre la Cour des Comptes, qui suggère de changer de philosophie en s’appuyant la doctrine du "système sûr" appliquée dans les pays nordiques. En clair, la sécurité sur les routes s’appuie sur 3 piliers : le comportement, le véhicule et l’infrastructure. Si l’un de ces 3 éléments est défaillant, l’un ou les 2 autres doivent prendre le relai.
Estimant que le volet "comportement" a déjà été traité par la mise en place des radars, la Cour préconise donc de renforcer les 2 autres piliers. Dans une interview accordée au Parisien, Jean-Pascal Assailly, psychologue et chercheur sur les comportements au volant à l’Institut français des sciences et technologies des transports (IFSTTAR), donne un exemple bien précis :
"La France a essayé de diminuer le nombre de victimes des routes bidirectionnelles sans séparateurs, très dangereuses parce que les voitures qui s’y croisent peuvent entrer en collision : ça a été le feuilleton de la mise en place du 80 km/h. Depuis en partie détricoté. La Suède, elle, a… simplement installé des séparateurs centraux".
Une infrastructure plus sécurisante qui pardonne les erreurs de conduite, et mieux entretenue pour plus de sécurité ? Une piste sérieuse qui tombe sous le sens, que "40 millions d’automobilistes" défend également depuis des années et qui fait l’objet d’un de ses combats les plus acharnés.
Par ailleurs, l’association mettait déjà exergue le fait que les radars, s’ils avaient été efficaces à leurs débuts, avaient atteint leurs limites et ne parvenaient plus à faire fléchir le nombre de personnes tuées sur les routes.
Un changement de logiciel nécessaire dans la politique de sécurité routière
L’association "40 millions d’automobilistes" se réjouit des conclusions de ce rapport qui laissent entrevoir la possibilité d’un nouveau souffle dans la politique de sécurité routière menée en France, loin du "tout répressif" sur le facteur vitesse.
En outre, les valeurs d’adhésion et d’acceptabilité restent primordiales : faire la sécurité routière avec les usagers de la route, et non contre eux, telle est la philosophie de "40 millions d’automobilistes".